Il y a quelque chose de paradoxal dans la Renault Mégane RS.
C’est une voiture née de la praticité du quotidien : cinq portes, traction avant, un coffre prêt pour les week-ends. Et pourtant, elle est devenue l’un des noms les plus redoutés sur le Nürburgring. La discrète voisine de palier qui, un jour, s’est présentée sur circuit pour battre les favoris.
Lorsque Renault Sport dévoile la première Mégane RS au début des années 2000, personne n’imaginait qu’elle viendrait titiller les machines allemandes les plus affûtées. Mais à force de mises au point obsessionnelles, de suspensions ciselées et d’une fierté mécanique bien française, la RS s’est forgé une réputation hors du temps. Elle n’était pas seulement rapide : elle était vivante, précise, et parlait le langage du bitume avec une honnêteté rare.
À l’arrivée de la Trophy-R, il ne s’agissait plus de puissance mais de pureté. Allégée, dépouillée, réglée au millimètre, la RS a décroché la couronne : un record absolu sur le Nürburgring. Pour une traction avant, c’était une rébellion mécanique.
L’évolution - des premières RS à la Trophy-R
L’histoire de la Mégane RS n’est pas qu’une question de chevaux : c’est une chronologie de passion. Chaque génération semble née d’une seule idée dans les ateliers de Dieppe : la rendre plus rapide, plus précise, plus honnête que la précédente.
La
première Mégane RS, sortie en
2004, était une compacte trapue animée par un moteur 2.0 turbo de 225 ch. Ce n’était pas la vitesse en ligne droite qui marquait les esprits, mais le châssis Cup, rigide et bavard, offrant un caractère sauvage mais maîtrisable.
En
2009, la
deuxième génération affine la folie. La
Mégane III RS délivre
250 ch, puis évolue en versions
Trophy 265 et 275, chacune repoussant les limites de la traction avant.
En
2014, la
Trophy-R décroche un record :
7 min 54 s sur le Nürburgring, sans sièges arrière, sans isolation, sans compromis. Renault Sport ne courait pas après le confort : seulement après le chronomètre.
Puis vient la
Mégane IV RS en
2018, avec un moteur 1.8 turbo de 280 à 300 ch, la
direction aux quatre roues et la boîte double embrayage EDC. Une machine aussi redoutable sur route qu’efficace au quotidien. Chaque RS était plus qu’une mise à jour : une lettre d’amour adressée à ceux qui aiment conduire.
Moteur, châssis et caractère - la mécanique de la passion
Soulevez le capot d’une Mégane RS et vous ne verrez pas qu’un moteur : vous verrez une déclaration d’intention. Ce quatre-cylindres 1.8 turbo, compact et nerveux, délivre jusqu’à
300 ch et 420 Nm de couple. Associé à une boîte manuelle ou à la transmission EDC, il expédie le 0-100 km/h en
5,7 secondes. Mais les chiffres ne disent pas tout. La vraie signature de la RS, c’est son
châssis : ce mélange de précision et de souplesse, cette légèreté dans la direction, cette rotation subtile en virage.
Renault Sport n’a jamais cherché l’adhérence par la force, mais par la finesse. Deux configurations symbolisent cet esprit : le
châssis Sport, déjà incisif, et le
châssis Cup, taillé pour les puristes. Ajoutez-y les
butées hydrauliques de compression, issues du rallye, et la RS devient une danseuse sur asphalte.
Bien sûr, cette précision se mérite. Pour préserver son équilibre, il faut entretenir chaque pièce avec soin. Beaucoup de passionnés préfèrent acheter pièces auto sur
Trodo, afin de trouver des composants d’origine ou équivalents qui respectent la philosophie de la voiture. Car le secret d’une vraie sportive, ce n’est pas la puissance - c’est l’harmonie entre chaque pièce.
Sur le Nürburgring et sur route - la légende face aux rivales
Le Nürburgring Nordschleife n’épargne personne. C’est là que les mythes tombent et que naissent les légendes. Et c’est là qu’une simple traction française a humilié des voitures bien plus puissantes.
En
2019, la
Mégane RS Trophy-R signe le record de la
traction avant la plus rapide du monde : 7 minutes 40,1 secondes. Pas de sièges arrière, pas d’écran, des jantes en carbone, des freins céramiques - chaque gramme comptait. Les ingénieurs de Dieppe n’ont pas cherché à enlever du poids : ils ont retiré les excuses.
Cette précision a une origine : l’héritage de la Formule 1. L’esprit qui animait les Mégane RS descend directement du partenariat victorieux entre
Renault et Williams F1 dans les années 1990. Si les ingénieurs de Dieppe ont conçu le châssis eux-mêmes, leur philosophie venait de la course : obsession du détail, équilibre, et recherche du dixième de seconde. La RS n’était pas une compacte ordinaire - c’était une voiture de route réglée avec la rigueur d’une monoplace.
| Modèle |
Puissance (ch) |
Transmission |
Temps Nürburgring |
Année |
| Renault Mégane RS Trophy-R |
300 |
Traction |
7:40.1 |
2019 |
| Honda Civic Type R (FK8) |
320 |
Traction |
7:43.8 |
2017 |
| VW Golf GTI Clubsport S |
310 |
Traction |
7:47.2 |
2016 |
| Hyundai i30 N |
280 |
Traction |
8:00.0 |
2019 |
| Audi RS3 (8V) |
400 |
Intégrale |
7:40.8 |
2017 |
Source:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Temps_au_tour_sur_le_N%C3%BCrburgring
Ces chiffres ne servent pas à fanfaronner. Ils racontent l’histoire d’une conviction : quand d’autres misaient sur la puissance ou la transmission intégrale, Renault croyait en la pureté du train avant et du châssis. Résultat : une voiture faite pour ceux qui écoutent encore leur volant parler.
Vivre avec une RS - les joies et les caprices
Posséder une Mégane RS, c’est un pacte.
Elle vous récompense par le plaisir pur, mais exige en retour un entretien méticuleux. Malmenée, elle le fait payer : un embrayage capricieux, des silent-blocs fatigués ou des pneus usés jusqu’à la corde après un week-end trop enthousiaste.
Le moteur, lui, est solide - à condition de respecter les intervalles d’entretien. Les points à surveiller ? Les
butées hydrauliques, les
supports moteur, les
freins, et la
géométrie. La voiture vit de ses réglages : quand ils sont parfaits, elle brille ; quand ils dérivent, elle s’éteint.
Pour les initiés, entretenir une RS n’est pas une corvée mais un rituel. Les propriétaires échangent leurs astuces sur les forums, débattent d’huile moteur et de couples de serrage, cherchent la perfection comme on accorde un instrument. C’est une relation à double sens - elle donne autant qu’elle reçoit.
Le chant du cygne - la fin d’une ère
Pour la Mégane RS, cette fin porte un nom :
Ultime. Présentée en
2023, cette édition limitée signe la fin non seulement du modèle, mais aussi de
Renault Sport tel qu’on le connaissait. Désormais, le flambeau passe à
Alpine, et avec lui s’éteint un chapitre de la performance française.
Basée sur la version Trophy, la
Mégane RS Ultime offre
300 ch, le
châssis Cup, et une finition exclusive mêlant sobriété et agressivité. Seulement
1 976 exemplaires ont vu le jour - un hommage à l’année de naissance de Renault Sport.
Depuis, les valeurs grimpent. Les Trophy-R et les Ultime s’arrachent à des prix supérieurs à ceux du neuf. Les collectionneurs n’achètent pas qu’une voiture - ils achètent la dernière page d’une philosophie. La fin d’une ère faite de boîtes manuelles, de butées hydrauliques et de sensations brutes.
Ironie du sort : la Mégane RS était née comme alternative abordable à la Golf GTI. Aujourd’hui, c’est elle la pièce de collection. Et peut-être que c’est la plus belle conclusion possible : non pas un rugissement, mais les applaudissements de tous ceux qui savent encore ce que veut dire conduire.