Du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 19h (du 24 septembre au 12 octobre 2011)
Exposition photo gratuite "Regard non détourné" de Sladjana Stanković
Vendredi 23 septembre - 19h - Vernissage
A quel moment dans notre vie on bascule ? Qu’est-ce qui fait qu’on bascule ? Perte de ses repères, son travail, sa famille, son domicile, l’estime de soi, l’envie de construire. Comment un être humain en arrive à supporter tout ça ? Comment peut-on jamais s’accommoder de cette solitude, de ce déni du regard de l’autre comme égal, qui fait de vous celui dont on ne parle pas, dont on refuse de parler, dont on ne sait pas comment parler, qu’on ne sait considérer qu’avec distance ou appréhension, condescendance ou mépris ?
La ville. La rue. Lieux communs. Lieux de solitude contemporaine. Contemporaine comme la cruauté de nos sociétés incapables malgré les discours d’imaginer un vivre ensemble pour tous. Contemporaine comme le matérialisme ambiant, la dissolution du lien social, l’anonymat des grandes cités. Contemporaine comme le paradoxe de l’image : toute-puissante et banale, réelle et mensongère. L’image, pour moi, photographe, effrayante mais nécessaire.
Déclassés, oubliés, abandonnés… J’ai depuis longtemps ressenti le besoin de me confronter à toutes ces existences, de ne pas détourner le regard, que ce soit auprès d’ouvriers ou de mineurs, d’orphelins ou d’enfants des rues. Besoin de regarder, de voir, de parler. Besoin de révéler l’humain derrière la Machine. Pas pour plaindre ni pour juger. Mais pour chercher à comprendre, pour me confronter à mes peurs, à nos peurs.
C’est dans cet esprit que j’ai débuté ma recherche à l’automne 2010, dans les rues et dans les parcs, en allant simplement à la rencontre d’hommes et de femmes qui vivent à Paris aujourd’hui, comme moi, et qui pourtant restent le plus souvent invisibles ou font partie du « décor ». Ils vivent à l’extérieur. Extérieurs à nos vies « normales ». Ils sont dans la rue, ils nous regardent, plus que nous ne les regardons.
C’est dans la rue et les parcs que je souhaite montrer le résultat de ce travail, afin de bousculer le « décor » et faire se croiser les regards. Notre « décor » commun : la rue, doit être le lieu de cet échange. Je voudrais que les gens qui passent dans ces rues s’arrêtent devant les images et que leurs regards croisent ainsi, autrement, ces regards qu’on essaie généralement d’éviter.