« Voir la mer » : exposition gratuite et engagée entre abysses et rivages

Le MAIF Social Club ouvre un vaste horizon avec « Voir la mer », une exposition gratuite qui invite à explorer l’océan dans toute sa complexité. On y circule comme dans un récit en mouvement, entre émerveillement, inquiétude et prise de conscience. Un parcours dense, vivant, où l’art devient un espace pour regarder autrement ce qui relie les humains à la mer.

Un voyage de l’estran aux abysses

La visite débute sur l’estran, cette frontière mouvante entre terre et mer où Charlotte Gautier van Tour fait vibrer le souffle des marées. L’eau, le phytoplancton, les matières vivantes : tout semble respirer dans un espace qui pose immédiatement le ton du parcours. On glisse ensuite Sous la surface, bien au-delà de la zone où la lumière circule encore. Dans cet environnement de pénombre, les créatures hybrides d’Elsa Guillaume côtoient de véritables spécimens d’abysses prêtés par l’ONG BLOOM, rappelant la fragilité de ces mondes souvent invisibles. Ugo Schiavi installe plus loin une forêt marine aux allures de paysage corallien. En s’approchant, on distingue entre les gorgones autant de coquillages que de fragments plastiques. Une manière directe de rappeler que les déchets humains descendent jusqu’aux profondeurs. Avec le duo Latent Community, on embarque ensuite sur un navire d’exploration pour sonder des zones convoitées pour leurs ressources, alors même qu’elles régulent le climat mondial.

Entre vertige et rivage

Plus haut, la lumière revient avec l’installation d’Adélaïde Feriot. « Dans la vague » joue avec ce moment où l’immensité de l’océan nous dépasse autant qu’elle nous apaise. Puis, retour à terre avec le rivage de Mathieu Lorry Dupuy, un paysage paisible où se mêlent grains de sable et traces de plastique charriées par les courants. Une scène familière et pourtant révélatrice.

Regards engagés sur les usages de la mer

La suite du parcours change d’échelle. Rémi Lécussan montre des poissons qui semblent battre au rythme du monde industriel, rappelant que 3 800 kilos sont pêchés chaque seconde sur la planète. Face à ce constat, Carla Gueye met en lumière des pratiques artisanales qui préservent les équilibres halieutiques. Ana Mendes, elle, observe les décisions politiques et économiques qui teintent de rose les cravates des dirigeants, comme un clin d’œil au colorant utilisé pour rendre plus appétissante la chair du saumon d’élevage. Jacques Perconte donne ensuite à voir une mer saturée d’activités humaines, traversée en permanence par le commerce maritime. Le bruit, les lignes, les flux : un paysage hypnotique. Le collectif Hypercomf rappelle, avec humour, que les gestes simples comptent aussi. Ramasser des mégots - 40 % des déchets plastiques des plages européennes - n’est pas un détail. Quant à Émeric Lhuisset et Duke Riley, ils relient l’océan à celles et ceux qui le traversent, le travaillent, le rêvent ou le redoutent.

Informations pratiques

• Lieu : MAIF Social Club, 37 rue de Turenne, Paris 3e
• Date(s) et horaires : Du mardi au vendredi de 10h à 23h, samedi et lundi de 10h à 19h (du 11 octobre 2024 au 25 juillet 2026)
• Prix : Gratuit
• Sans réservation

Une exposition qui rappelle que l’océan n’est pas un décor lointain, mais un espace vital dont les équilibres se jouent aussi ici, en ville. On en sort avec l’envie d’en prendre soin, un geste après l’autre.